La grossesse est une période particulièrement sensible, durant laquelle certaines carences vitaminiques peuvent avoir de graves conséquences sur la santé de l'enfant à naître. Ainsi, même en cas d'alimentation équilibrée, le professionnel de santé qui accompagne une femme enceinte est amené à prescrire des suppléments médicamenteux de vitamine B9 et vitamine D pour éviter tout déséquilibre.
Attention : pour une femme enceinte, il est recommandé de ne pas consommer de compléments alimentaires sans le signaler au professionnel de santé qui la suit (recommandation de l'Agence nationale de sécurité alimentaire).
Vitamine B9 et grossesse
Rôle de la vitamine B9
La vitamine B9, également appelée « folate » ou « acide folique », joue un rôle important dans l'organisme car elle contribue à la multiplication des cellules et à la fabrication des globules rouges.
Lorsqu'un couple a un projet de grossesse, il est important que la future maman reçoive suffisamment d'acide folique. Cette vitamine permet en effet d'éviter la survenue de différentes malformations chez le fœtus et notamment les défauts de fermeture du tube neural, qui représente l'ébauche de la colonne vertébrale (spina-bifida), un développement qui intervient entre le 14e et le 30e jour de grossesse.
Bon à savoir : dans certains pays, comme aux États-Unis et au Canada, de l'acide folique est ajouté à la farine pour prévenir les carences au sein de la population.
À quel moment prendre de la vitamine B9 ?
La prescription d'un supplément médicamenteux en vitamine B9 est systématique aujourd'hui, dès qu'une femme met un terme à sa contraception dans le but d'avoir un enfant. Il est en effet important que la future maman présente un taux suffisant de folate dès la conception du bébé. Pour cette raison, il est même recommandé d'entamer une supplémentation en folates 4 semaines avant la conception. La prise de cette vitamine se poursuit généralement pendant les 12 premières semaines de grossesse.
La dose recommandée est de 0,4 mg de vitamine B9 par jour, pour une prise par voie orale.
Toutefois, dans certains cas de grossesses à risque c’est-à-dire chez les femmes présentant un antécédent de fœtus ou de nouveau-né présentant des anomalies de fermeture du tube neural ou chez celles qui prennent certains médicaments antiépileptiques (parfois responsables de carences en folates), une supplémentation en acide folique de 5 mg est préconisée.
À noter que si l'acide folique est prescrit par un médecin dans le cadre d'une grossesse, il est remboursé à 65 % par la Sécurité sociale.
Bon à savoir : en cas de découverte tardive d'une grossesse, il est tout de même important de prendre de la vitamine B9 ; cette supplémentation permet alors de diminuer les risques de malformation au niveau des membres, du système digestif et des fentes labio-palatines (becs de lièvre).
Sources alimentaires de vitamine B9
Cette supplémentation n'empêche pas de prendre l'habitude de consommer des aliments riches en acide folique, bénéfiques à la santé de tous. Il s'agit notamment :
- des légumes : salade, épinards, choux, haricots verts, petits pois, avocat ;
- des fruits : abricot, melon, mangue ;
- du jaune d’œuf ;
- des graines oléagineuses : pistaches, amandes, noix, noix de cajou ;
- des produits laitiers (fromage blanc, yaourt, fromages, etc.) ;
- de la levure de bière, etc.
À noter : pendant la grossesse, il n'est pas conseillé de manger des œufs crus, car ils pourraient contenir des salmonelles.
Grossesse et vitamine D
Rôle de la vitamine D
Autre vitamine incontournable de la grossesse, la vitamine D. En effet, celle-ci est nécessaire au bon développement des os du fœtus ; un stock suffisant de vitamine D à la naissance, transmis par la maman, permet au nourrisson de se constituer un squelette solide.
Sources naturelles de vitamine D
La vitamine D de notre organisme provient de deux types de sources :
- Alimentation : certains aliments comme les poissons gras, le jaune d’œuf, les abats (foie de poisson ou d'animaux), les champignons, etc., sont riches en vitamine D.
- Exposition au soleil : l'exposition au soleil entraîne une production de vitamine D au niveau de la peau. Lorsque l'ensoleillement est suffisant, à la belle saison, les carences en vitamine D sont rares. Mais les femmes qui doivent donner naissance à leur bébé après l'hiver présentent souvent des déficits.
À noter : comme les sources alimentaires de vitamine D sont essentiellement d'origine animale, il faut être particulièrement vigilant en cas de régime alimentaire végétalien.
Supplémentation pendant la grossesse
La prescription d'un supplément médicamenteux est ainsi indiquée chez les femmes dont l'accouchement est prévu entre mars et juin, et pour celles qui ont connu des grossesses rapprochées. L'administration de la vitamine D peut s'envisager de différentes manières :
- une dose unique importante au 6e ou 7e mois de grossesse ;
- ou des doses plus faibles, quotidiennement pendant toute la grossesse, ou un peu plus élevées à partir du 6e mois (en ce qui concerne la vitamine D sous forme de gouttes, il est fortement conseillé d’éviter les jus de fruits comme support de dilution et de privilégier l'eau pour une meilleure assimilation).
Dans ses recommandations du 7 juin 2017, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) met en garde contre la multiplication des sources de vitamines et minéraux (et particulièrement de la vitamine D), en l'absence de besoins établis, celle-ci pouvant dans certains cas conduire à des dépassements des limites de sécurité. Elle souligne l'importance de ne pas cumuler les sources de vitamines et minéraux sans suivi biologique régulier.
À noter : certains nourrissons peuvent également recevoir de la vitamine D en supplément. Il faut toutefois rester prudent car, comme le souligne l'Anses, chez les enfants présentant une hypersensibilité́ génétique à la vitamine D, cette supplémentation, non contrôlée, pourrait entraîner une hypercalcémie.
Bon à savoir : si une carence en certaines vitamines est dommageable, un excès de vitamine A pendant la grossesse doit être évité, car de fortes doses peuvent avoir un impact néfaste sur le fœtus. Par ailleurs, il semble que l’arrêt des compléments vitaminiques de grossesse incluant du fer améliore les nausées et vomissements chez les femmes qui ne parviennent pas à s'en débarrasser.