Plusieurs raisons peuvent pousser les parents à envisager une interruption médicale de grossesse : une malformation du fœtus, une maladie maternelle, mais également la pré-éclampsie, très dangereuse pour la santé de la femme enceinte.
Pré-éclampsie : définition
La pré-éclampsie (ou toxémie gravidique) est une maladie fréquente chez les femmes enceintes :
- Il s'agit d'une hypertension gravidique qui intervient au cours du 2e ou 3e trimestre.
- Elle peut également se déclencher au terme de la grossesse, voire après l'accouchement.
- Elle se manifeste par une augmentation de la pression artérielle (supérieure ou égale à 140 mmHg) et une augmentation des protéines dans les urines.
Depuis quelques années, on sait que la pré-éclampsie est une maladie due à un placenta dysfonctionnel qui pose des problèmes après 22 semaines d'aménorrhée : lorsque le développement du fœtus au niveau cérébral nécessite un afflux sanguin accru, le placenta dysfonctionnel permet à des débris du placenta et des cellules fœtales de « passer » dans le sang de la mère.
Facteurs de risques de la pré-éclampsie
Il existe plusieurs facteurs qui peuvent favoriser déclenchement de la pré-éclampsie au moment de la grossesse :
- lors d'une première grossesse ;
- quand une pré-éclampsie est déjà apparue au cours d'une grossesse précédente ;
- en cas pré-éclampsie survenue chez la mère ou la grand-mère de la femme enceinte ;
- à cause de l'obésité, et plus précisément d'un IMC (indice de masse corporelle) supérieur à 30 (le risque est même multiplié par 1,8 chez les femmes ayant un IMC supérieur à 40, c'est-à-dire souffrant d'obésité morbide) ;
- dans le cas d'ovaires polykystiques (SOPK) ;
- lorsque la future maman est porteuse d'une maladie auto-immune ;
- suite à des grossesses multiples ;
- quand la mère est âgée de moins de 18 ans ou de plus de 40 ans au moment de la grossesse (les femmes de 40 ans ont un risque plus que doublé de pré-éclampsie par rapport aux femmes enceintes ayant entre 25 et 35 ans).
Diagnostic de la pré-éclampsie
Les signes cliniques de la pré-éclampsie sont :
- une pression systolique supérieure à 140 mmHg ;
- une pression artérielle diastolique supérieure à 90 mmHg ;
- la concentration de protéine dans les urines de la femme enceinte est supérieure à 300 mg/24h, soit 3 g/24h.
D'autres signes associés peuvent être révélateurs de la pré-éclampsie :
- migraines très fortes ;
- hypersensibilité visuelle ;
- douleurs dans l'abdomen ;
- arrêt pur et simple ou diminution des urines ;
- prise de poids très brutale ;
- œdème, etc.
Quels sont les risques de la pré-éclampsie pour la mère ?
La pré-éclampsie évolue très vite, il faut donc la prendre en charge rapidement. En effet, les risques pour la mère sont majeurs :
- une hémorragie cérébrale qui peut entraîner le décès ;
- une insuffisance rénale ;
- un décollement placentaire et l'hémorragie associée, qui obligent à déclencher un accouchement précoce en urgence ;
- le HELLP syndrome (pour hémolyse/élévation des enzymes hépatiques/Baisse des plaquettes), c'est-à-dire la destruction des globules rouge du foie (hémolyse), une inflammation hépatique et un risque élevé d'hémorragies.
Pré-éclampsie : complications
Les complications possibles de la pré-éclampsie sont notamment :
- les convulsions provoquées par la pression artérielle à l'intérieur de la boîte crânienne ;
- des problèmes hépatiques dus à l'anémie provoquée par la destruction des globules rouges avec des répercussions sur le fœtus dans le cas du HELLP syndrome ;
- un hématome sous le foie ;
- une insuffisance rénale aiguë ;
- une hémorragie cérébrale ou cérébro-méningée, avec des séquelles neurologiques ;
- l'infarctus du myocarde ou crise cardio-pulmonaire.
L'ensemble de ces complications peut découler d'une stéatose hépatique.
Dans tous les cas, la pré-éclampsie est dangereuse pour la mère et engage son pronostic vital.
Peut-on traiter la pré-éclampsie ?
Traiter la pré-éclampsie nécessite une hospitalisation avec un suivi de la patiente pour évaluer la gravité du syndrome de pré-éclampsie et prévoir une prise en charge du fœtus en cas d'accouchement d'urgence (césarienne, déclenchement de l'accouchement).
- Si l'hypertension ne dépasse pas certaines limites fixées par l'équipe médicale, elle est prise en charge. Le fœtus est également surveillé pour mesurer les répercussions de la pré-éclampsie sur son développement (mesure de l'activité cardiaque, hauteur utérine, mouvements fœtaux, etc.).
- Si l'hypertension artérielle est trop élevée, le pronostic vital de la femme enceinte est engagé, et le seul moyen de la protéger est de déclencher l'accouchement.
À noter : dans certains cas, la prise d'anti-hypertenseurs et de sulfate de magnésium permet de « contrôler » l'évolution de la pré-éclampsie et de l’aspirine peut être systématiquement proposée en prévention de l’éclampsie (chez les femmes à risque).