Au cours d'une grossesse, l'embryon formé est susceptible de cesser son développement spontanément. C'est ce que l'on appelle une grossesse non évolutive. Comment la situation peut-elle évoluer et quels sont les moyens de prise en charge ? Réponses ici.
Grossesse non évolutive : qu'est-ce que c'est ?
Une grossesse non évolutive correspond à une grossesse qui s'est arrêtée prématurément au cours de son déroulement, et qui ne permet pas d'aboutir à la naissance d'un bébé viable. Cet événement survient le plus fréquemment au cours du premier trimestre et dans 70 % des cas environ, il est lié à une anomalie chromosomique de l'embryon.
Différents types de grossesses non évolutives
Différentes situations peuvent se cacher derrière une grossesse non évolutive :
- La présence d'un œuf clair : le sac embryonnaire est bien présent mais ne contient pas d'embryon.
- Une mort embryonnaire : l'embryon est présent mais son cœur a cessé de battre. On parle de mort fœtale in utero lorsque cet événement survient après 14 semaines d'aménorrhée.
- Une grossesse molaire : l'embryon possède un jeu anormal de chromosomes et cesse rapidement de se développer.
- Une grossesse extra-utérine : l'embryon s'est implanté en dehors de l'utérus, le plus souvent au niveau de la trompe utérine. Cette situation représente une urgence gynécologique car elle peut entraîner une hémorragie importante.
Diagnostic de la grossesse non évolutive
Pour mettre en évidence l'arrêt d'une grossesse, le gynécologue doit procéder à une échographie endo-vaginale (la sonde est insérée dans le vagin de la patiente), plus précise qu'une échographie abdominale. Le diagnostic est posé si l'examen met en évidence la présence :
- d'un sac gestationnel vide mesurant plus de 25 mm ;
- d'un embryon de longueur crânio-caudale, c'est-à-dire la longueur entre le sommet de la tête jusqu'à la pointe des fesses de l'embryon, de plus de 7 mm sans activité cardiaque.
Lorsque ces seuils de taille ne sont pas atteints, une nouvelle échographie est menée une semaine plus tard. Si la situation n'a pas évolué, le diagnostic d'arrêt de grossesse est confirmé.
Conséquences d'un grossesse non évolutive
Une grossesse non évolutive va entraîner une fausse couche : le corps va expulser de manière spontanée le placenta et l'embryon. Ce phénomène n'est pas rare : il concerne environ 15 % des grossesses.
Chez la femme, la fausse couche se manifeste :
- par des douleurs abdominales ;
- par la perte de sang, avec la présence de caillots.
Lorsque l'ensemble du contenu utérin est éliminé au cours de la fausse couche, elle est dite complète. Mais ce n'est pas toujours le cas : parfois, une partie du contenu utérin persiste, ou la fausse couche tarde à survenir. Dans ce cas, une prise en charge est indispensable.
Prise en charge des grossesses non évolutives
Lorsqu'une grossesse non évolutive n'a pas conduit à une fausse couche complète, une intervention est nécessaire pour éliminer les débris utérins et ainsi prévenir tout risque d'infection. Lorsque ceci se déroule en début de grossesse, deux approches sont possibles : l'une basée sur l'administration de médicaments, la seconde d'ordre chirurgical.
Grossesse non évolutive : méthode médicamenteuse
Le traitement repose sur l'administration d'un médicament à base de misoprostol (Cytotec®, Gymiso®), qui mime l'action des prostaglandines E1. Il provoque des contractions de l'utérus et favorise l'ouverture du col utérin. La voie vaginale est privilégiée par rapport à une prise orale : elle est plus efficace et réduit les effets secondaires digestifs.
Parfois, un autre médicament, le mifépristone (Myfégine®), est administré 1 ou 2 jours avant le misoprostol, par voie orale. Il s'oppose à l'action d'une des hormones féminines, la progestérone et favorise l'ouverture du col de l'utérus. Cette option médicamenteuse est réservée aux grossesses non évolutives survenant de manière précoce.
Méthode chirurgicale en cas de grossesse non évolutive
Le traitement chirurgical se déroule en ambulatoire (sur une journée, sans passer de nuit à l'hôpital). Du misoprostol est généralement administré à la patiente, par voie vaginale ou orale, quelques heures avant le geste chirurgical, pour dilater le col de l'utérus.
Au cours de l'intervention, le chirurgien va insérer une canule par l’intermédiaire de celui-ci pour aspirer le contenu utérin. Ce traitement est plus efficace que le traitement médicamenteux (de 94 à 98 % de succès pour le premier, contre 80 à 90 % pour le second), il limite les douleurs et saignements, mais nécessite une anesthésie générale. L'option la plus adaptée sera choisie par l'équipe médicale selon le profil de la patiente.
Bon à savoir : depuis le 9 juillet 2023 (loi n° 2023-567 du 7 juillet 2023 visant à favoriser l'accompagnement psychologique des femmes victimes de fausse couche), les femmes bénéficient d’une protection supplémentaire contre le licenciement. En effet, depuis cette date, les femmes sont protégées contre le licenciement pendant les 10 semaines qui suivent une fausse couche dite « tardive » ayant eu lieu entre la 14e et la 21e semaine d’aménorrhée incluse. Cette protection ne joue pas en cas de faute de grave de la salariée ou en cas d’impossibilité de maintenir son contrat pour un motif étranger à l’interruption spontanée de grossesse.