Article mis à jour le 14 avril 2020
Une épidémie due à un virus de la famille des coronavirus fait actuellement rage dans le monde entier. La France est également largement touchée par cette maladie, appelée COVID-19. Les symptômes peuvent être minimes (toux, courbatures, etc.) voire quasi-inexistants mais l'évolution vers une forme très grave de détresse respiratoire pouvant conduire au décès est possible que la personne ait ou non des antécédents médicaux particuliers (hypertension, diabète, maladies neurologiques, cancer, etc.). La femme enceinte est un cas particulier et est considérée, par mesure de précaution, comme une personne à risque de développer plus facilement ces formes sévères. Voici quelques conseils pour les femmes enceintes.
Rappel des origines du COVID-19
En décembre 2019, en Chine, les premiers cas de COVID-19 apparaissent dans la ville de Wuhan. Il semblerait que le points commun de ces personnes malades soit un marché où étaient présents des animaux susceptibles d'avoir transmis ce coronavirus (zoonose).
Mais la maladie s'est rapidement propagée là et des centaines, voire des milliers de personnes sont aujourd'hui contaminées sur les autres continents. Le COVID-19 est alors qualifiée de pandémie puisqu'il touche tous les continents.
Ce virus, appelé SARS-CoV-2, appartient à la très grande famille des coronavirus (virus possédant une sorte de couronne qui les entoure) dont font partie le SARS-CoV-1 responsable du SRAS en 2002 et le MERS-CoV qui a été la cause d'une épidémie en 2002. Mais sa découverte très récente (janvier 2020) fait qu'on ne sait pas grand-chose de lui. Des études scientifiques sont en cours pour aider à le comprendre.
La diffusion de ce coronavirus est très rapide. Il peut toucher de nombreuses personnes en un temps minime. Les symptômes sont ceux d'une infection respiratoire et peuvent aller de la simple toux à une détresse respiratoire sévère entraînant la mort. Et cela, même chez les gens jeunes et en bonne santé !
Quels risques pour la femme enceinte et le bébé ?
La femme enceinte faisait initialement partie de la liste, élaborée par le gouvernement et les scientifiques, des personnes dites à risque d'attraper cette maladie et de développer des formes sévères, surtout au 3ème trimestre (période de développement du bébé).
En effet, la grippe et certaines affections respiratoires sont connues pour être plus graves chez les femmes enceintes et avoir des conséquences possibles sur la grossesse et le bébé. Et bien que cela n'ait pas, pour le moment en tous cas, été le cas pour le COVID-19, il semble plus prudent de considérer la grossesse comme un facteur de risque de formes graves de cette maladie.
Il n'est donc pas certain que les femmes enceintes soient plus vulnérables à ce coronavirus. Des études sont en cours mais à ce jour, aucune femme ne serait décédée des suites de la maladie durant sa grossesse. C'est pour cette raison que, depuis le 31 août 2020, le fait d'être enceinte n'est plus considéré comme un critère de vulnérabilité.
Ainsi, le risque d’accouchement prématuré serait multiplié par trois et le risque de formes sévères de COVID-19 serait augmenté chez les femmes enceintes ayant un facteur associé à un risque accru de morbidité maternelle (notamment âge supérieur à 35 ans, surpoids, obésité, hypertension artérielle, diabète) au cours de la grossesse.
Bon à savoir : entre 20 et 39 ans, à partir d’un IMC de 23 kg/m², chaque augmentation de l’IMC d’une unité augmente le risque d’hospitalisation, d’admission en unité de soins intensifs et de décès.
Pour ce qui est de la transmission du virus au bébé, elle est « rare et sans conséquence » par voie intra-utérine. Elle n’est pas démontrée pour le lait maternel. Après l’accouchement, la transmission mère-enfant est peu probable si les mesures barrière (masque et gel hydroalcoolique) sont correctement appliquées, indique l’Académie de médecine. Au contraire, l’infection de la mère par le SARS-CoV-2 pourrait induire une protection du nouveau-né vis-à-vis du virus : elle est liée au transfert d’anticorps IgG à travers le placenta ainsi que par le lait maternel.
Quelques cas de bébés infectés après la naissance ont toutefois été décrits, d'où la nécessité de respecter les gestes barrières (consignes sanitaires) après la naissance afin d'éviter toute contamination de l'enfant.
Il est important de retenir que ce virus n'a été véritablement identifié qu'en janvier 2020 et que les connaissances à son sujet évoluent quotidiennement, et sont encore trop maigres pour se prononcer à ce sujet.
Bon à savoir : pour connaître la liste des personnes à risque de formes graves, vous pouvez consulter le site du ministère des Solidarités et de la Santé.
Quelles mesures pour les rendez-vous médicaux de suivi ?
Le syndicat national des gynécologues obstétriciens de France a établi en mars 2019 des préconisations afin d'éviter au maximum le risque de contamination (ces données sont susceptibles d'être modifiées en fonction de l'évolution des connaissances sur le virus et de cette épidémie de COVID-19).
Il considère que les 2 priorités pour les femmes (enceintes ou non) sont, à ce jour, de :
- Maintenir la surveillance régulière des patientes ayant une pathologie pour garantir la détection d’une éventuelle aggravation dans les meilleurs délais ;
- Soulager les hôpitaux et les urgences en assurant la prise en charge en première intention des patientes présentant une pathologie.
Il a donc été recommandé, de manière générale, de décaler les examens simples type frottis et consultations de routine, et de privilégier pour ces dernières la téléconsultation. Notez que les téléconsultations sont prises en charge à 100 % jusqu'au 31 décembre 2021 (article 61 de la loi n° 2020-1576 du 14 décembre 2020 de financement de la sécurité sociale pour 2021).
Pour les femmes enceintes, le praticien pourra vous contacter par téléphone ou par courrier avant le rendez-vous prévu afin de savoir si vous présentez des symptômes du COVID-19. Il privilégiera la téléconsultation quand elle est possible ou les rendez-vous téléphoniques.
Bon à savoir : une consultation « bilan et vigilance » a été créée fin mai 2020. Cette consultation complexe à 46 € (remboursée par la Sécurité sociale) sera proposée par les médecins traitants aux patients à risque, comme les femmes enceintes au troisième trimestre de la grossesse afin « d'évaluer les impacts du confinement sur la santé et de s’assurer de la continuité des soins ». Initialement prévues jusqu'en septembre, ces consultations vont être prolongées, indique la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM).
Si le gynécologue vous invite à vous rendre au cabinet pour un examen, il fera en sorte que les patientes ne se croisent pas. Et il est préférable que vous vous y rendiez, dans la mesure du possible, sans accompagnant et sans enfant.
Bien sûr votre médecin va lui aussi se protéger avec des gants et des masques (tout en sachant qu'actuellement les approvisionnements sont compliqués) et la salle d’examen doit être désinfectée entre chaque patiente.
Les 3 échographies de grossesse doivent être maintenues.
Les séances collectives de préparation à l'accouchement doivent être suspendues. Vous pouvez continuer grâce à des vidéos ou éventuellement en passant par une sage-femme libérale à domicile.
Si vous êtes enceinte et faites partie des soignants, compte tenu des effectifs insuffisants du personnel soignant, rapprochez-vous de votre médecin afin savoir si vous devez ou non vous arrêter, ou éventuellement envisager de changer de poste ou de service pendant l'épidémie.
Ces recommandations peuvent bien sûr évoluer en fonction des connaissances scientifiques relatives au COVID-19.
Les conseils de prévention contre le coronavirus COVID-19
Les conseils de prévention sont les mêmes pour la femme enceinte que pour toute la population. Et ils sont encore plus importants pour les personnes dites à risque de développer des symptômes plus sévères susceptibles d'évoluer rapidement vers un décès, et dont fait partie, par mesure de prévention, la femme enceinte
Les gestes barrières
Ce sont les gestes barrières (gestes simples permettant se protéger et des protéger son entourage de l'infection) et la distanciation sociale (mesures qui visent à éloigner les individus les uns des autres) :
- se laver les mains très régulièrement avec de l'eau tiède et du savon ;
- tousser ou éternuer dans son coude ou dans un mouchoir ;
- saluer sans se serrer la main, éviter les embrassades ;
- utiliser des mouchoirs à usage unique et les jeter ;
- éviter les rassemblements, limiter les déplacements et les contacts.
Les mesures de confinement :
Ainsi, afin de renforcer ces précautions indispensables, le 16 mars 2020, le Président de la République a décidé de prendre des mesures pour réduire les contacts et déplacements au strict minimum sur l’ensemble du territoire à compter du mardi 17 mars à midi, et pour 15 jours au minimum. Cette période de confinement a été renouvelée jusqu'au 15 avril minimum, puis de nouveau jusqu'au 11 mai 2020 (allocution du 13 avril 2020). Les sorties étaient autorisées sur présentation d'une attestation uniquement pour :
- se déplacer de son domicile à son lieu de travail dès lors que le télétravail n’était pas possible ;
- faire ses achats de première nécessité dans les commerces de proximité autorisés ;
- se rendre auprès d’un professionnel de santé pour des consultations et des soins ne pouvant être réalisés à distance et ne pouvant être différés, ainsi que les soins des patients atteints d'une affection longue durée ;
- se déplacer pour la garde de ses enfants ou pour aider les personnes vulnérables à la stricte condition de respecter les gestes barrières ;
- sortir pour répondre aux besoins des animaux de compagnie (1 heure par jour dans un rayon de 1 km autour du domicile) ;
- se rendre à une convocation judiciaire ou administrative ;
- participer à des missions d'intérêt général sur demande d'une autorité administrative ;
- faire de l’exercice physique uniquement à titre individuel, dans la limite d'une heure quotidienne, autour du domicile (sur un rayon maximal de 1 km) et sans aucun rassemblement.
L'attestation était directement téléchargeable sur smartphone.
Que faire si vous avez des symptômes ?
Si vous avez des symptômes (toux, fièvre, courbatures, etc.) qui font penser au COVID-19, vous devez rester à votre domicile, éviter les contacts, contacter un médecin ou votre gynécologue par téléphone ou par téléconsultation et ne pas vous rendre à son cabinet directement, ou appeler le numéro de permanence de soins de votre région. Mais gardez à l'esprit que ces symptômes peuvent être simplement dus à une infection virale saisonnière ou une grippe.
Si les symptômes s'aggravent, contactez le 15. Après un questionnaire précis, il vous sera indiqué si vous avez un risque ou pas d'être infectée par le coronavirus.
Si le régulateur ne pense pas que vous êtes infectée par le Coronavirus, il vous sera plutôt alors conseillé de contacter un médecin traitant ou le gynécologue par téléphone ou par téléconsultation pour vous prendre en charge. Mais dans certains cas (3ème trimestre de grossesse, autre maladie associée...), une hospitalisation pourra malgré tout être envisagée.
Si le COVID-19 est suspecté, il n'y aura pas d'hospitalisation systématique en cas de grossesse selon les dernières recommandations. Le 15 vous indiquera les mesures précises à suivre.
À noter : le Paxlovid® (qui peut être classiquement utilisé pour le traitement curatif des adultes atteints de Covid-19 ne nécessitant pas d'oxygénothérapie et à haut risque de forme grave) est déconseillé par la HAS lors de la grossesse.
Article
Important : le 3 mars dernier, l’Assurance Maladie a mis en place le téléservice « declare.ameli.fr » pour permettre aux employeurs de déclarer leurs salariés sans possibilité de télétravail et qui sont contraints de rester à domicile, suite à la fermeture de l’établissement accueillant leur enfant. Ce téléservice de déclaration en ligne est étendu, à compter du 18 mars 2020, aux personnes dont l’état de santé conduit à les considérer comme présentant un risque de développer une forme sévère de la maladie COVID-19. Ces personnes sont, conformément à un avis rendu par le Haut Conseil de la santé publique, les personnes à risque dont les femmes enceintes. Conformément aux décisions gouvernementales, ces personnes doivent impérativement rester à leur domicile, en arrêt de travail, si aucune solution de télétravail n’est envisageable. Elles peuvent désormais se connecter directement, sans passer par leur employeur ni par leur médecin traitant, sur le site declare.ameli.fr pour demander à être mises en arrêt de travail pour une durée initiale de 21 jours. Cet accès direct permet de ne pas mobiliser les médecins de ville pour la délivrance de ces arrêts. Cet arrêt pourra être déclaré rétroactivement à la date du vendredi 13 mars. Plus d'informations sur www.ameli.fr/
COVID-19 : la vaccination des femmes enceintes
Les vaccins contre la Covid-19 qui sont autorisés ne présenteraient aucun risque chez les femmes enceintes. En conséquence, l’Académie de médecine fait un certain nombre de recommandations :
- La grossesse étant un facteur de risque de forme grave de COVID-19, il faut protéger chaque femme enceinte de toute source potentielle de contamination.
- Toute femme enceinte exposée au risque d’infection par le virus (professionnellement ou familialement) ou atteinte d’une comorbidité (âge supérieur à 35 ans, IMC supérieur à 25 et hypertension artérielle, notamment) doit être vaccinée contre le SARS-CoV-2.
- L’allaitement doit être préservé chez les femmes vaccinées ou infectées par le SARS-CoV-2 au cours de leur grossesse.
- La vaccination n’est pas une raison pour différer ou interrompre une grossesse.
Sources : Académie de médecine. Faut-il vacciner les femmes enceintes contre la Covid-19 ? Communiqué de presse, 2 mars 2021.
À noter : en raison des résultats sur le risque de myocardites et de péricardites publiés le 8 novembre 2021 par l'Agence du médicament et l'Assurance maladie, la Haute Autorité de santé (HAS) déconseille le recours au vaccin Sipkevax® de Moderna pour les moins de 30 ans, qu'il s'agisse de primo-vaccination ou de rappel.