Certains troubles surviennent durant la grossesse, car la taille de la thyroïde change et ses sécrétions s'activent. Pour ces raisons, il est important de consulter et de contrôler les taux sanguins des hormones de la thyroïde (TSH), surtout chez une femme qui, avant d'être enceinte, présente une pathologie thyroïdienne même légère. Le point sur les troubles de la thyroïde pendant la grossesse dans notre article.
Qu'est-ce que la thyroïde ?
La glande thyroïde se trouve à la base du cou et produit l'hormone thyroïdienne. Une hypothyroïdie maternelle peut intervenir sur le développement psychomoteur du bébé. Le médecin adapte donc le traitement d'après les résultats des dosages. Après la naissance, le traitement sera rééquilibré.
La glande thyroïde sécrète des hormones thyroïdiennes grâce à l'iode de notre alimentation :
- la T4, appelée thyroxine ;
- la T3, appelée tri-iodothyronine.
Dans le cerveau au niveau de l'hypophyse, l'hormone TSH régule la stimulation de la thyroïde pour la sécrétion de T3 et T4.
À noter : les hormones de grossesse ont un effet stimulateur sur la thyroïde.
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Fonctionnement de la thyroïde au cours de la grossesse
La grossesse engendre des modifications du fonctionnement de la thyroïde. L'activité physiologique de celle-ci s'élève pour les besoins du fœtus (surtout sa croissance et le développement de son cerveau). Elle se manifeste par :
- une augmentation du volume de la thyroïde ;
- une augmentation du taux d'iode protidique à partir de la dixième semaine ;
- une augmentation du taux de thyroxine totale.
Pour sécréter cette plus grande quantité d'hormones, la thyroïde a besoin de plus d'iode (mais aussi de zinc et de sélénium). Il existe par ailleurs plusieurs études qui ont démontré que le QI de l’enfant à naître sera affecté par le taux d’iode de sa mère, d'où l'importance de surveiller ce taux avant la grossesse.
L'iode, qui est un oligo-élément, contribue à la production des hormones thyroïdiennes. Une alimentation insuffisante en iode augmente le risque d'hypothyroïdie. Les signes de cette carence sont similaires aux signes de la grossesse : vomissements, prise de poids, anémie, etc.
L'hypothyroïdie risque par conséquent de ne pas être identifiée.
À noter : un goitre (augmentation du volume de la glande thyroïde qui s'observe par le gonflement de la face antérieure du cou) peut aussi se révéler lors du premier trimestre de grossesse, puis disparaître après l'accouchement.
Symptômes des troubles thyroïdiens pendant la grossesse
Les maladies de la glande thyroïdienne sont souvent des maladies que l'on appelle maladies auto-immunes, c'est-à-dire que le corps humain sécrète des anticorps qui agressent les tissus de la glande thyroïde. Par conséquent, elle perd son équilibre et fabrique des hormones en excès ou bien pas assez.
Pendant le premier trimestre de grossesse, la thyroïde du bébé n'est pas encore mature pour sécréter les hormones thyroïdiennes, c'est donc la thyroïde maternelle qui le fait, principalement pour la croissance du cerveau. À partir du quatrième mois, l'enfant commence progressivement à sécréter ses propres hormones.
Bon à savoir : un accouchement prématuré, moins de 32 semaines de gestation, va poser problème pour l’enfant qui, brusquement, ne recevra plus les hormones thyroïdiennes de sa mère alors même que sa thyroïde n’est pas encore assez mature pour prendre le relais. C’est surtout le cas chez les bébés nés avant la 26e semaine avec pour conséquence une perturbation durable des fonctions cognitives de l’enfant.
Hyperthyroïdie et maladie de Basedow
Lorsque la glande thyroïde sécrète des hormones en excès, il est question d'hyperthyroïdie.
La maladie de Basedow est la cause plus fréquente d'hyperthyroïdie, caractérisée par les symptômes suivants : perte de poids, tachycardie, palpitations, grande fatigue (asthénie), troubles de l'appétit, problème de régulation thermique et instabilité émotionnelle (nervosité, tremblements...).
Hypothyroïdie et maladie de Hashimoto
Lorsque la glande thyroïde ne sécrète pas assez d'hormones, c'est une hypothyroïdie. La plus fréquente est la maladie de Hashimoto qui est une pathologie auto-immune, c'est-à-dire que le système immunitaire se retourne contre la thyroïde et va progressivement la détruire (environ 90 % des Français en hypothyroïdie souffrent en réalité d’une thyroïdite de Hashimoto).
Les symptômes sont les suivants : prise de poids, grande fatigue, système cardio-vasculaire ralenti, frilosité, crampes, constipation, œdèmes dans les jambes et au visage le matin au réveil et peau sèche. Ces symptômes physiques s'accompagnent généralement d'un moral bas voire d'une dépression.
Troubles de la thyroïde et grossesse : risques de complications pour la mère et pour le bébé
Une hypothyroïdie qui n'est pas prise en charge chez une femme enceinte risque d'évoluer vers :
- une hypertension ;
- une toxémie gravidique ;
- un décollement du placenta ;
- un trouble du développement psychomoteur chez le bébé (troubles d'apprentissage) ;
- une fausse couche ;
- un risque d'accouchement prématuré selon le terme de la grossesse ;
- un faible poids de naissance.
Une hyperthyroïdie augmente le risque de fausse couche, mort du bébé in utero, problème cardiaque et toxémie gravidique intense.
Troubles de la thyroïde et grossesse : facteurs de risques et dépistage
En début de grossesse, le médecin va palper la glande thyroïde pour évaluer son volume. Il demande un bilan thyroïdien chez une mère ayant des antécédents personnels ou familiaux de problèmes thyroïdiens ou des antécédents de maladies auto-immunes (comme le diabète de type 1) .
Ce bilan recherche la présence dans le sang des anticorps antithyroïdiens permettant de dépister une éventuelle thyroïdite auto-immune, et le dosage de l'hormone TSH : s'il est insuffisant, un traitement d'hormones thyroïdiennes peut être prescrit.
Traitements adaptés aux troubles de la thyroïde au cours de la grossesse
Pour l'hyperthyroïdie
Lorsqu'une femme enceinte souffre d'hyperthyroïdie, les anticorps provoquant l'affection risquent de traverser la barrière placentaire et d'entraîner une hyperthyroïdie chez le fœtus. Le traitement préconisé est donc celui d'antithyroïdiens. Or, ce traitement maternel peut franchir la barrière placentaire et bloquer la glande thyroïde de l'enfant, qui va alors présenter une hypothyroïdie. Dans ce cas, la mère prend un traitement avec des doses diminuées.
À noter qu'un développement insuffisant de la glande thyroïde du fœtus va provoquer à la naissance ce que l’on nomme une hypothyroïdie congénitale (ou hypothyroïdie primaire). Le traitement par L-thyroxine est aussitôt mis en place. Cependant, tous les enfants dont l’hypothyroïdie a été confirmée ne recevront pas ce traitement à vie, puisque jusqu'à un tiers des hypothyroïdies primaires ne sont que transitoires. Une réévaluation est effectuée à l'âge de 2 ans.
Outre les traitements hypothyroïdiens, une origine génétique (mutations des gènes DUOX2 et TSH-R) est invoquée dans environ 20 % des cas, le reste étant imputable aux perturbateurs endocriniens.
Bon à savoir : limitez les crèmes solaires et les cosmétiques contenant des parabens et des phtalates avant une grossesse et a fortiori au cours du premier trimestre.
Pour l'hypothyroïdie
Il faut savoir que la grossesse constitue une période particulière car on estime que l’activité de la thyroïde augmente d’environ 50 % pour maintenir l’équilibre thyroïdien et compenser les besoins. C’est pour cette raison que la HAS recommande une augmentation des doses de lévothyroxine de 20 à 30 % en début de grossesse.
Source : Haute Autorité de santé, 15 mars 2023.
Si une femme enceinte souffre d'hypothyroïdie et qu'elle est traitée, son enfant est protégé. D'ailleurs, l'hypothyroïdie est dépistée chez tous les nouveau-nés à la maternité. Si le test est positif, un traitement hormonal est prescrit afin d'assurer un développement cérébral normal. Si, par contre, son traitement n'est pas équilibré correctement et que son mode de vie n'est pas harmonieux, elle sécrète alors trop peu d'hormones.
Cette carence met le fœtus en difficulté, car il ne peut pas fabriquer ces hormones dans les premières semaines de vie dans le ventre de sa mère. Un traitement d'hormones de synthèse, nécessaire à la croissance de son cerveau, lui sera destiné par l'intermédiaire de sa mère.
À noter : les vomissements et les nausées sont soignés par un traitement antiémétique, et les troubles de l'humeur par des sédatifs légers.
Une alimentation riche en iode et équilibrée pendant la grossesse
L'iode, oligo-élément, se trouve dans le sel marin non raffiné (sans excès pour éviter le risque de tension artérielle), mais aussi le poisson non bouilli (pour ne pas faire fuir l'iode dans l'eau de cuisson), les crustacés cuits et les laitages.
Bon à savoir : le médecin décidera si une supplémentation en iode est nécessaire, d'autant que des études ont démontré qu’un taux d’iode correct protège contre les effets délétères des perturbateurs endocriniens dans les trois premiers mois de la vie d’un fœtus.