
Les saignements qui surviennent après l’accouchement sont généralement des saignements physiologiques et particuliers appelés des lochies. Les lochies peuvent persister plusieurs semaines après l’accouchement. Ce sont des pertes normales, mais elles nécessitent une surveillance particulière de l’équipe médicale et de la femme pour prévenir tout risque de complications graves (infection utérine, hémorragie du post-partum).
Le point dans notre article.
Bon à savoir : depuis le 1er juillet 2022, un entretien postnatal précoce destiné à repérer les signes d'une dépression post-partum est obligatoire pour les jeunes mamans (article L. 2122-1 du Code de la santé publique).
Que sont les saignements après l’accouchement ?
Définition
Immédiatement après l’accouchement, l’utérus se contracte et diminue rapidement de volume pour revenir progressivement à la taille initiale qu’il avait avant la grossesse. Ces contractions de l’utérus sont physiologiques et limitent le risque d’hémorragie du post-partum. Cependant, des saignements particuliers, appelés des lochies, surviennent après l’accouchement et perdurent pendant plusieurs semaines.
Les lochies correspondent à l’élimination naturelle par l’organisme des débris de muqueuse utérine, des caillots de sang et de différentes sécrétions (lymphe, sécrétions glandulaires). Les lochies ne contiennent donc pas uniquement du sang et diffèrent ainsi des pertes menstruelles habituelles et du retour de couches qui surviendra lors de la reprise des cycles.
Durée
- Au cours de la semaine qui suit l’accouchement, les lochies sont assez abondantes et bien rouges.
- Puis progressivement, elles deviennent de plus en plus claires, roses puis jaunes ou blanches.
- Parfois, les lochies redeviennent abondantes environ deux semaines après l’accouchement et ce pendant 3 à 4 jours. Cette phase est alors appelée le petit retour de couches, mais elle ne correspond pas au retour de couches proprement dit.
- Les lochies perdurent entre 3 et 6 semaines selon les femmes.
Bon à savoir : la durée des lochies est souvent moins longue chez les femmes qui allaitent leur bébé. En effet, l’ocytocine libérée lors des tétées provoque des contractions utérines qui facilitent l’élimination des débris de la grossesse.
L’abondance des lochies peut être très variable selon les femmes. Elles surviennent quel que soit le type d’accouchement (voie basse ou césarienne). Cependant, elles sont généralement plus abondantes dans les situations suivantes :
- après un accouchement par césarienne ;
- après une grossesse multiple ;
- en cas de fibrome utérin ;
- en cas de grossesses répétées et rapprochées ;
- en cas d’utérus dilaté par un excès de liquide amniotique au cours de la grossesse.
Saignements après l’accouchement : que faire, quand s’alarmer ?
Que faire ?
Les lochies sont des saignements naturels qui surviennent chez toutes les femmes après l’accouchement. L’emploi de serviettes hygiéniques est recommandé. Les tampons hygiéniques sont à proscrire dans les semaines qui suivent l’accouchement, en raison du risque d’infection. Il est souvent indispensable d’utiliser des serviettes hygiéniques à forte capacité d’absorption.
À noter : des modèles spécifiques pour les saignements post-accouchement sont commercialisés en pharmacie et en grande distribution.
Quand s'alarmer ?
Si les lochies en elles-mêmes constituent un phénomène physiologique, une surveillance adaptée est nécessaire pour détecter précocement deux risques de complications potentiellement graves :
- le risque d’infection utérine (endométrite du post-partum) ;
- le risque d’hémorragie du post-partum.
Pendant le séjour à la maternité, les sages-femmes surveillent les lochies. Lors du retour à domicile, il est important de surveiller l’abondance et l’aspect des lochies. Certains signes doivent amener à consulter rapidement un médecin ou une sage-femme :
- Les pertes restent franchement rouges 5 jours après l’accouchement ou contiennent des gros caillots sanguins.
- Les pertes deviennent malodorantes (odeur fétide).
- Une fièvre apparaît, accompagnée ou non de frissons, et persiste plus de 24 heures.
- Des douleurs pelviennes ou abdominales apparaissent.
Saignements après l'accouchement et endométrite du post-partum
L’apparition de douleurs pelviennes ou abdominales, de pertes malodorantes et d’une fièvre supérieure à 38 °C sont des signes d’infection. Après l’accouchement, il existe un risque d’infection utérine appelée endométrite du post-partum. Cette infection est fréquente et peut être grave si elle n’est pas prise en charge rapidement.
En effet, l’endométrite du post-partum constitue la cinquième cause de décès maternel. En cas d’apparition de symptômes évocateurs d’une infection utérine, il est impératif de consulter en urgence un médecin ou une sage-femme. Après confirmation du diagnostic, un traitement antibiotique par voie veineuse est mis en place et permet le plus souvent une guérison rapide et sans séquelles.
Quelques règles d’hygiène sont préconisées pour limiter le risque d’infection pendant toute la durée des lochies :
- Changer les serviettes hygiéniques plusieurs fois par jour, toutes les heures si besoin.
- Faire une toilette quotidienne avec un soin lavant ou un savon neutre.
- Éviter les bains et les baignades en piscine ou en mer.
Saignements après l'accouchement et hémorragies du post-partum
Signes cliniques
Dans la grande majorité des cas, les hémorragies du post-partum sont découvertes et prises en charge immédiatement après l’accouchement. Cependant, certaines femmes présentent une hémorragie du post-partum quelques heures ou quelques jours après l’accouchement. Certains signes doivent impérativement amener à consulter en urgence pour une prise en charge médicale adaptée :
- la persistance de pertes abondantes et rouges plusieurs jours après l’accouchement ;
- une augmentation brutale des pertes sanguines ;
- la survenue de malaises.
Les hémorragies du post-partum constituent une complication grave de l’accouchement et représentent la première cause de mortalité maternelle. Elles concernent entre 1 et 5 % des accouchements, avec des formes plus ou moins sévères selon les cas. Les hémorragies du post-partum sont définies comme :
- des pertes sanguines > 500 mL en 24 heures pour les accouchements par voie basse ;
- des pertes sanguines > 1 L en 24 heures pour les accouchements par césarienne ;
- une perte de 2 g d’hémoglobine au niveau sanguin.
À noter : les hémorragies du post-partum ont des origines multiples, liées à des anomalies utérines et placentaires (90 % des cas), à des causes maternelles (troubles de la coagulation, hématomes rétro-placentaires, troubles vasculaires), à des hématomes pelviens, au déroulement du travail (déchirures du col, du vagin ou du périnée), etc.
Précautions à prendre lors de l'accouchement pour les femmes à risque
Chez les femmes à risque d’hémorragie du post-partum, des précautions peuvent être prises par l’équipe médicale au moment de l’accouchement (traitement médicamenteux, technique d’accouchement). En cas de survenue d’une hémorragie après l’accouchement, le traitement est adapté à l’origine et à l’ampleur de l’hémorragie :
- une révision utérine (exploration chirurgicale de l’utérus) pour détecter l’origine de l’hémorragie ;
- des médicaments par voie veineuse pour provoquer des contractions utérines qui limitent l'hémorragie ;
- des perfusions par des solutés de remplissage vasculaire pour compenser les pertes sanguines ;
- dans les formes graves engageant le pronostic vital de la mère : une embolisation pour stopper l’hémorragie, une hystérectomie (ablation chirurgicale de l’utérus).