
Un bébé à terme voit le jour entre la 37e et la 42e semaine d'aménorrhée (SA, absence de règles), alors qu'un enfant dit prématuré naît avant la 37e SA. À ce stade de son développement, certains de ses organes sont encore immatures. Selon l'organe concerné, les complications et les risques encourus par l'enfant prématuré seront différents. Plus la prématurité est sévère, plus les menaces de séquelles sont élevées. Ces complications peuvent apparaître à court et à long terme.
Enfant prématuré : les complications à court terme
Chaque complication est liée à l'immaturité d'un organe qui ne peut pas assurer sa fonction.
Entre 5 et 12 % des naissances surviennent avant terme dans les pays industrialisés. En France, elles s'élèvent à 55 000 chaque année, dont 10 000 avant 32 semaines ; 1 bébé sur 5 né avant terme est un grand prématuré.
Les décès de prématurés durant le premier mois de vie concernent plus de 10 % des bébés grands prématurés, 2 à 3 % des prématurés modérés (33-34 SA) et 0,5-1 % des prématurés tardifs (35-36 SA), contre moins de 2 enfants pour 1000 nés à terme. La prématurité est la première cause de mortalité néonatale.
Les complications respiratoires
Le système respiratoire se développe jusqu'à la fin de l'enfance, la capacité pulmonaire d'un bébé est donc réduite à la naissance. Cette faiblesse est encore plus marquée chez un prématuré, qui peut aussi présenter des problèmes spécifiques, tels que :
- La maladie de la membrane hyaline : chez un prématuré, les alvéoles pulmonaires ne sont pas assez matures pour produire le surfactant qui les empêche de s'affaisser après chaque expiration. Comme elles s'écrasent sur elles-mêmes, les échanges gazeux se font difficilement, et le prématuré peut éprouver des difficultés à respirer normalement.
- La dysplasie broncho-pulmonaire : elle touche les prématurés nés à moins de 32 semaines qui ont toujours besoin d'oxygène à 36 semaines. En raison de l'utilisation soutenue d'oxygène pour traiter une détresse respiratoire, la paroi des alvéoles s'épaissit, empêchant les échanges gazeux, ce qui crée une insuffisance respiratoire chronique.
- La tachypnée transitoire du nouveau-né : dans le ventre de la maman, les poumons du bébé sont remplis de liquide. Durant l'accouchement, une grande partie de ce liquide est réabsorbée par le corps ; mais, en cas d'accouchement précipité ou de césarienne, ce processus ne peut pas s'effectuer normalement. Les nouveau-nés prématurés respirent alors très rapidement (tachypnée).
- L'apnée du prématuré : une apnée est un arrêt de la respiration de 15 à 20 secondes nécessitant une stimulation à l'aide de faibles doses de caféine (ou de molécules équivalentes). Ces épisodes peuvent débuter durant les premières 24 à 48 heures de vie et prennent fin lorsque le prématuré atteint la 34e semaine de gestation.
Bon à savoir : une étude tend à prouver que l'administration précoce de caféine serait nettement plus protectrice que lorsqu'elle intervient plus de deux jours après la naissance (le taux de troubles graves de l’audition et d’infirmités motrices d'origine cérébrale était significativement inférieur chez les enfants traités les plus tôt).
Les complications rénales et hépatiques
L'immaturité des reins et du foie rend le prématuré très sensible à la toxicité des médicaments, et peut être responsable d'ictère (jaunisse) et de déshydratation.
Les complications liées à l'immaturité du système immunitaire
Les défenses anti-infectieuses de l'enfant prématuré sont très affaiblies. Il risque des infections généralisées ou localisées (poumon, articulation, méninges).
Les complications liées à l'immaturité du système digestif
La motricité digestive et l'absorption intestinale ne se font pas correctement. Le prématuré ne peut ni déglutir ni téter normalement. Les enfants prématurés présentent donc des reflux gastro-œsophagiens et des risques de fausses routes.
Bon à savoir : pour favoriser la mise en place de la flore intestinale, il arrive qu'on propose une complémentation en probiotiques, sachant que la Société européenne de gastro-entérologie, hépatologie et nutrition pédiatrique (ESPGHAN) déconseille l’utilisation de Saccharomyces boulardii chez les nourrissons prématurés pour des raisons de sécurité (conformément aux directives de l’EMA) et en raison d’un manque de preuves d’efficacité.
Les complications cardiaques
Chez le prématuré, le canal artériel persiste plus fréquemment que chez le bébé né à terme. Ce canal qui relie l'aorte à l'artère pulmonaire est nécessaire à la circulation sanguine du fœtus in utero. À la naissance, il doit se refermer pour permettre une respiration à l'air libre, sinon l'oxygénation du sang ne s'effectue pas bien.
Ce phénomène est accentué par l'anémie dont les enfants prématurés souffrent à la naissance : comme les réserves de fer se constituent au cours du 3e trimestre de la grossesse, la durée de vie des globules rouges est réduite chez le prématuré.
À noter : en cas de naissance prématurée, la mère présente davantage de risque de souffrir d'insuffisance cardiaque. (source : Journées francophones de l’insuffisance cardiaque, des cardiomyopathies, de l’assistance et de la transplantation cardiaque JFIC-CAT, 22 et 23 septembre à Strasbourg)
Les complications liées à l'immaturité cérébrale
La paroi des vaisseaux sanguins étant très fragile et la substance blanche du cerveau très vulnérable, les prématurés risquent des hémorragies cérébrales, ce qui accroît les risques de séquelles neurologiques graves.
La rétinopathie de l'enfant prématuré
Ce sont les grands prématurés qui en souffrent le plus. Alors que la rétine est immature, une exposition aux agressions de l'environnement comme une lumière trop intense, mais aussi l'excès ou le manque d'oxygène l'empêchent de se développer normalement.
Rétinopathie Lire l'articleLa surdité neurosensorielles des prématurés
Plus les enfants prématurés naissent tôt, plus les risques de surdité neurosensorielles augmentent. Le dépistage néonatal permet de diagnostiquer 93 % de ces surdités (et 88 % des autres).
En revanche, au-delà de 37 semaines d'aménorrhée, aucune différence significative n'apparaît.
Bon à savoir : ce type de surdité risque de compromettre le développement du langage de l'enfant si aucune mesure de correction n'est prise entre 3 et 6 mois.
Les complications à long terme
Des séquelles rares mais importantes
Le handicap moteur et la déficience intellectuelle sont les risques les plus observés.
Risques de séquelles des enfants prématurés selon l'âge gestationnel
|
Handicap moteur |
Déficience intellectuelle |
---|---|---|
Extrême prématurité | 27 % de troubles neuro-développementaux |
|
Grande prématurité |
10 % |
15 % |
Prématurité modérée 33-34 SA |
4 % |
10 % |
Prématurité tardive 35-36 SA |
0,5 % |
5 % |
L'atteinte motrice la plus fréquente chez les enfants nés grands prématurés est la diplégie spastique (contraction réflexe des membres inférieurs empêchant tout mouvement).
Les anciens prématurés peuvent présenter un retard mental ou une épilepsie. Le strabisme fait partie des anomalies oculaires les plus fréquentes, tout comme les troubles de la coordination visiomotrice.
À noter : une étude israélienne a montré que les enfants nés prématurés sont plus souvent hospitalisés pour des maladies liées au diabète et à l’obésité que ceux nés à terme. Ils présenteraient également plus souvent une œsophagite à éosinophiles et des allergies alimentaires. (Étude 2017)
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